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samedi 16 mai 2009

Mon compte western union pleure

On a pu croire que la crise économique s'arrêterait aux frontières de l’Afrique, mais le continent est à son tour touché par les difficultés économiques. Comment la crise passe-t'elle du Nord au Sud ? Un exemple très concret avec la baisse des transferts de fonds des émigrés
La Banque Mondiale estime que ces transferts de fonds vers l’Afrique vont baisser de 5 à 8 % en 2009. Pour le Sénégal, l'argent des travailleurs expatriés représentait la bagatelle de 0,9 milliards d'euros en 2007. Avec la baisse des transferts de fonds, le niveau de vie des populations sénégalaises subit un gros coup. En effet, bon nombre de familles vivent de l’argent de leurs parents émigrés. Or, ces derniers, avec les plans de licenciements, consécutifs à la crise économique, ont des difficultés pour subvenir aux besoins de leurs familles restées au pays. Pour s'en rendre compte, nous sommes allés dans la banlieue de Dakar. A Guédiawaye, Abdoulaye est un jeune qui gère les fonds de son oncle qui vit aux Etats-Unis. Ce jeune au chômage nous a parlé de la répercussion de la crise sur lui et sa famille: « la crise m’affecte parce que avant, je recevais de l’argent régulièrement. J’avais des liens avec des oncles qui sont à l’étranger. Je les gérais pas mal de chose ici. Mais maintenant, avec la crise, même pour me parler au téléphone c’est tout à fait un problème. Presque chaque 15 jour ils m’envoyaient de l’argent mais actuellement, même pour la nourriture de la famille, on peut faire deux à trois mois sans recevoir de l’argent. Avant, ils envoyaient entre 200 et 250 mille FCFA rien que pour la nourriture de la famille mais actuellement, ils n’envoient que 150 mille pour la famille y compris les frais de l’électricité, l’eau et les autres besoins. Les trois repas quotidiens ne son plus assurés. Il n’y a que le déjeuner qui est assuré. »
Tout autant dans la galère, Awa est la troisième épouse d’un émigré vivant en France. Jointe au téléphone, Awa nous explique ces difficultés: « Avant, tout était facile. On recevait toujours l’argent presque avant la fin du mois. Mais actuellement, avant de recevoir de l’argent, il se trouve que notre dépense est finit depuis longtemps. On prend des crédits chez le boutiquier avant de recevoir de l’argent et dès nous avons cet argent nous sommes obligés de rembourser d’abord les crédits. »
Toujours à Guédiawaye, une dame qui a voulu gardé l’anonymat affirme : « Je ressens la crise car c’est ma sœur, depuis la France, qui s’est toujours chargée de la scolarisation de mes enfants. Mais à l’heure où je vous parle, mes enfants sont renvoyés de l’école parce que je n’ai pas encore reçu d’argent. Si ça persiste, je risque de les sortir de l’école l’année prochaine ».
La crise touche aussi la classe moyenne. Une femme, vivant dans un quartier résidentiel de Dakar et qui n’a pas voulu dévoiler son nom, se dit elle aussi touchée : « Avant, je voyageais beaucoup, j’allais même en Occident. Maintenant, les choses vont mal. Mes deux fils qui sont à l’étranger n’envoient plus d’argent et mon mari est depuis un certain temps sans travail. Nous avons un toit mais nous gagnons à peine de quoi manger. Cette année, ma famille et moi n’avons pas pu aller au Magal de Touba, pour une première fois », se désole t-elle.
Amara Soumah et Mamadou Barry

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