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dimanche 31 mai 2009

« Les taxis urbains pour le renouvellement du parc automobile »

Face aux nombreuses difficultés aux quelles sont confrontées les populations dakaroise en matière de transport urbain, M. Faye nous parle des reformes et des projets du ministère des transports dans un entretien qu'il nous a accordé.
Quelle est votre appréciation du transport urbain à Dakar ?
On peut dire qu’il y a des reformes qui ont été mises en exécution parce qu’il y a l’arrivée des Tata et que les cars rapides vont tendre à disparaitre. Il y a eu un certain nombre de problèmes mais maintenant on est entrain de les résoudre. On a à nos actif plus de 450 bus, il y a aussi les taxis urbains pour le renouvellement du parc automobile mais n’en demeure pas moins qu’il y a encore quelques vieux taxis car le parc automobile est un peu vétuste. Mais quand même, avec l’encadrement et l’exploitation, il y a eu beaucoup de changements. Les cadres règlementaire et institutionnel ont été rénové, vous voyez même l’apparition du Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) qui l’organe fédérateur qui permet de gérer le transport urbain. Au niveau du transport, il y a plusieurs acteurs, plusieurs services et plusieurs personnes qui interviennent dans l’ensemble des activités. Il n’y a jamais eu Sénégal ce genre d’organe et grâce à lui, le transport se porte bien même s’il y a des choses à améliorer.
Quelle est l’implication du ministère dans ce secteur ?
Le ministère des transports terrestres est celui qui définit la politique de l’Etat en matière de transport et certaines prérogatives même du ministère ont été déléguées à des entités comme le CETUD. Le ministère détermine également la politique de sécurité routière et tout ce qui s’en suit concernant le transport. AFTU c’est l’Association pour le Financement du Transport Urbain, elle est privée et collabore avec l’Etat qui l’aide. La Société de Transport du Cap-Vert (SOTRAC) est maintenant dissoute pour constituer les Dakar Dem Dikk et on a voulu en faire une société privée-publique (SPP) ou une société anonyme à caractère privé. Pour le moment, l’Etat est majoritaire dans cette société, la gestion est privée mais les fonds et toutes les actions sont apportés par l’Etat. Mais vous savez, d’une manière générale, le transport urbain dans le monde entier et surtout au Sénégal est parfois déficitaire et si les Etats n’y mettent leurs mains ça va aller de mal en pis. C’est pourquoi dans la société DDD la majorité des actions est détenue par l’Etat avec la possibilité de dire qu’il y a quelques petits actionnaires par ci par là qui sont vraiment insignifiants dans le capital.
Est-ce qu’il existe une collaboration entre le ministère et les organisations qui s’occupent du transport urbain ?
Le rôle du ministère est d’organiser ces sociétés, de les encadrer, de leur donner des appuis, de leur permettre d’avoir des financements parce que s’il n’y avait pas l’Etat derrière, par exemple, l’AFTU ne pourrait jamais exister. D’abord, il les a organisées en Groupement d’Intérêt Economique (GIE) et il leur sert de garant pour avoir tout le crédit nécessaire. Donc l’Etat les assiste vraiment. En ce qui concerne les DDD, ce que je disais tantôt, c’est l’Etat qui apporte tout l’investissement même si les privés y sont concernés. Ces privés ont une autonomie financière dans le cadre de leur gestion. L’Etat, en ce qui concerne les sociétés comme DDD, comme AFTU ou les GIE, les assiste, travaille en complémentarité avec eux, leur sert de garant pour qu’on puisse avoir une bonne politique de transport avec des coûts extrêmement réduits car le transport au Sénégal représente 12% du PIB. Il y a lieu de noter que le gouvernement n’a pas financé les projets de l’AFTU et de DDD, il les aide seulement en garantissant le financement. Tous les financements sont faits par les partenaires au développement comme la Banque Mondiale ou l’Union européenne mais il y va de soi que sans l’aide de l’Etat, c'est-à-dire sa garantie, il n’y a pas de financement. Les bailleurs de fonds financent les activités telles que celle du transport et si jamais AFTU ou une autre organisation ne paie pas, les bailleurs s’en prennent à l’Etat et non aux privés.
Vous avez tout à l’heure parlé de réformes, qu’entendez-vous par cela ?
Quand on parle de réformes, c’est parce qu’il y avait une période pendant laquelle on avait une manière de travailler, de fonctionner. Et d’ailleurs, quand vous regardez dans le processus normal d’une société, il arrive un moment où il faut faire l’état des lieux, faire l’inventaire, c’est ce qu’on appelle le feed-back. Donc il y a eu des réformes parce que dans le transport urbain, il y avait plusieurs acteurs qui intervenaient mais il n’y avait pas d’organisation, chacun faisait ce que bon lui semblait. En effet, le Sénégal a été choisi en 1992, depuis le fameux séminaire qu’on appelle le séminaire de Saly, par la SSATP et la Banque Mondiale comme pays pilote pour apporter des réformes institutionnelles au niveau du transport. En ce qui nous concerne, dans les transports urbains, c’est suite aux assises de Saly qu’on a créé en 1996 la première lettre de politique sectorielle du transport urbain. Ensuite, en 1997, ils ont créé le CETUD qui est l’organe fédérateur et le bras droit de l’Etat en ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement du transport.
Qu’est-ce qui explique alors le problème de déplacement à Dakar ?
Il faut voir la configuration de Dakar qui est un entonnoir car, quand vous regardez la carte de Dakar, le centre est excentré alors qu’il devrait être à égale distance de partout. Dakar est exigu et il n’y a qu’une seule entrée et c’est à partir de la banlieue de Pikine. La capitale a une superficie de 550 km² et cette superficie représente 0,60 % du territoire national. Elle a à peu près 2,5 millions d’habitants soit plus de 22 % de la population du Sénégal. Il y a des problèmes de déplacement car la population qui vit dans la banlieue à toutes ses activités concentrées en centre ville. En effet, plus de 80 % des activités industrielles sont à l’intérieur du Plateau. Donc les gens se déplacent chaque jour de la banlieue pour venir à Dakar pour travailler et repartir. Ils se déplacent en même temps, aux mêmes heures et c’est ce qui explique en quelque sorte ce problème.
Quel est le montant du financement pour le renouvellement du parc automobile ?
Le montant du financement pour le renouvellement du parc ou le financement pour tout le transport urbain, il faut s’adresser au CETUD qui est l’organe habilité.
Quel est le rôle du ministère dans la fixation des tarifs du transport ?
Nous avons eu ici à la Direction des Transports Terrestres (DTT) à faire une étude sur les coûts et conditions d’exploitation des véhicules de transport public. Et à partir de cette étude, on a retenu une formule pour la tarification, c'est-à-dire déterminer les prix du transport d’une localité à une autre. Pour la tarification, on prend également en compte le prix du carburant qui représente 34 %, l’entretien des véhicules. Récemment, quand le prix du carburant a haussé, en 2002, on a eu à réviser les prix. La détermination des tarifs est effectuée par la DTT avec la collaboration du ministère du commerce. Dans nos réunions, en commission technique, le ministère du commerce prend part à la discussion avec les partenaires, les chauffeurs… et les professionnels pour tomber d’accord sur un tarif. Ce tarif a été discuté et il a été proposé conjointement par les deux ministères. Ensuite, le tarif sera soumis à l’approbation du président de la république qui prend un décret pour fixer les tarifs. Mais le travail technique c’est nos deux services qui l’ont fait. Cependant, il y a lieu de noter que les consommateurs sont également représentés par le biais de l’Association des Consommateurs du Sénégal (ASCOSEN).
Quelle appréciation faites-vous du réseau routier ?
Dans le transport, la route constitue un sous-secteur car les infrastructures jouent un rôle important et les routes y font partie. Au Sénégal, depuis un certain temps, il y a beaucoup de choses qui ont changé, de nouvelles infrastructures sont construites. S’il n’y a pas de routes, on ne peut pas parler de transport terrestre car il faut avoir de bonnes routes et un très bon niveau de service pour permettre à la population de se déplacer en toute quiétude. Il faut une règlementation pour éviter des accidents, pour apporter une bonne sécurité routière. Les routes sont faites pour améliorer tous les services du transport au niveau de Dakar. Avant, quand vous quittiez le Plateau pour aller à l’aéroport, ça prenait beaucoup de temps mais depuis la construction du réseau routier de la corniche, on peut aller à l’aéroport en moins de temps.
Entendez vous par là qu’il n’y a plus d’embouteillage ?
Des embouteillages il y’en aura toujours car le réseau routier de Dakar est l’un des plus importants du Sénégal. Le nombre de kilomètres de routes que l’on fait à Dakar est extrêmement plus important que n’importe lequel au niveau des régions du pays. Je n’ai pas encore fait le calcul mais même si on faisait la somme des longueurs de routes construites à Dakar, elle devrait dépasser, surtout en matière de voirie urbaine, les routes qui sont dans l’ensemble des régions réunies. Il y a trop de routes alors que la capitale est exigu, surpeuplée et avec beaucoup trop de voitures. En effet, 80% des voitures du parc automobile du Sénégal se trouvent à Dakar et elles sont pour la plupart en mauvais état. C’est pourquoi, l’air à Dakar est irrespirable par rapport à celui qu’on peut respirer dans les régions ou il y a moins de véhicules. C’est à ce propos que l’un des projets du Programme d’Amélioration de la Mobilité Urbaine (PAMU) parle d’une étude de l’amélioration de la qualité de l’air à Dakar. Au niveau universitaire, des médecins se sont rendu compte que beaucoup de patients qui vont à l’hôpital souffrent de maladies dues à l’excès de plomb dans les poumons. Le projet va commencer et d’ailleurs il y a même au niveau du ministère un laboratoire d’analyse de l’air qui se trouve à la Direction de l’environnement. Si on connait les composantes qui polluent l’air, on peut apporter des améliorations.
Avec le PAMU, peut-on dire que le problème du transport est réglé ?
Des problèmes, il y en aura toujours mais on peut les atténuer. Pour cela, il faut, au niveau de Dakar, construire des routes bien structurées, renouveler le parc automobile. Pour finir, quels sont les projets du ministère ? Au niveau de la corniche, il s’agira de créer des échangeurs, des passages supérieurs et inférieurs au niveau des croisements. Il y aura ainsi une fluidité du trafic. A part cela, il y a un projet du président qui consiste à construire une voie ferroviaire qui va desservir Dakar et sa banlieue. Il y a également un autre projet par la voie maritime, le Conseil Sénégalais des Chargeurs (COSEC) en est le gérant. Il faudrait qu’on essaie de quitter Pikine par la mer pour venir à Dakar. Mais à mon avis, pour remédier aux problèmes du transport, il faut délocaliser certains services et industries de l’Etat vers la banlieue. Si on déplaçait certaines infrastructures du centre ville vers la banlieue ou bien vers les autres régions, cela résoudrait certainement le problème de la concentration qui sévit en ville. Seule la déconcentration est la solution.
Merci

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