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jeudi 31 décembre 2009

La maison des esclaves de Gorée fait pleurer

Il ne s’agit pas d’un livre. Cette fois je suis allé à Gorée. C’est une centaine de personnes de tous les horizons qui était là pour visiter l’ile notamment la maison des esclaves. J’ai vu des gens pleurer quand le conservateur de la maison expliquait la tragique histoire de l’esclavage sur l’ile.
Je ne sais pas qu’est ce qui a retenu mes larmes mais au fond de moi je pleurais lorsque je suis entré dans certaines cellules après l’exposé du conservateur de la maison des esclaves. Je n’étais pas le seul, presque personne n’est restée insensible à cette histoire. Les larmes de certains coulaient pendant qu’on pouvait lire de la tristesse sur les visages d’autres. C’était la désolation au niveau de tous ceux qui m’entouraient pour la visite des cellules. J’avoue que je me suis senti enchainé dans ces petites chambres de 2 mètre carré environ dans lesquelles étaient entassées plusieurs personnes (des esclaves, des marchandises) comme dans une boite de sardine. A chaque catégorie d’esclave une cellule. C’est ainsi qu’il y a la cellule des femmes, celles des enfants, celle des inaptes temporaires, celle des hommes et celle des récalcitrants. Cette dernière cellule est celle qui m’a le plus donné de la peine. Pour des gens qui voulaient leur liberté, on a fait pour un petit couloir (ce n’est vraiment pas une chambre) dans lequel on ne peut même pas s’arrêter : il faut se courber ou s’agenouiller, histoire de s’adapter à la hauteur de la cellule. Après les cellules nous avons visité les couloirs qui mènent à la porte du voyage sans retour comme la mort. Il s’agit d’une petite porte qui s’ouvre directement sur la mer, c’est par là qu’on embarquait les esclaves dans les bateaux et c’était du « à Dieu l’Afrique ». A l’étage (c’était l’espace réservé, selon le conservateur de la maison, pour le séjour des marchants d’esclaves) sont exposés quelques objets comme les chaines pour les poignés et pour les pieds, des fusils… qui témoignent encore de la douleur qu’avaient endurée les esclaves
J’ai eu non seulement de la peine mais aussi de la haine passagère à un certain moment. Il m’est venu à l’idée de gifler tous les blancs qui étaient autour de moi mais finalement j’ai compris qu’ils ne sont pas responsables, en tout cas la tristesse se lisait sur le visage de certains. Je pense que ce n’est qu’une page noire de l’histoire de toute l’humanité que chacun doit regretter et non pas seulement de l’histoire de la race noire. J’ai compris aussi que Gorée est aujourd’hui un lieu de rencontre de presque toutes les races humaines, enfin un lieu de réconciliation et de pardon.

samedi 26 décembre 2009

« Il fut un jour à Gorée… L’esclave raconté à nos enfants»

Je ne fais pas la publicité de cet ouvrage de Joseph Ndiaye, conservateur de la maison des esclaves de Gorée, mais ce livre m’a ouvert les yeux sur ce qu’a été l’esclavage. Ce système de déshumanisation est raconté dans l’ouvrage avec un style simple à la portée de tous.
J’ai toujours entendu parler de l’esclavage, de la traite négrière dans les classes du primaire sans pour autant connaitre les tenants et les aboutissants. Cette fois, je l’ai non seulement compris mais aussi je l’ai vécu en parcourant les pages de ce livre. « Des millions d’Africains capturés, vendus sur les marchés comme des animaux […] Une main d’œuvre gratuite, qui travaillait jusqu’à l’épuisement dans les exploitations de coton, de sucre, de tabac ou de café… La menace du fouet, la jambe coupée pour les récalcitrants, la mort pour ceux qui essayaient de s’enfuir…» Ces mots de l’auteur m’ont donné de la peine et me font croire que les occidentaux doivent beaucoup à l’Afrique. Si aujourd’hui nous sommes dans le sous-développement c’est parce que notre continent a connu ces pages sombres de l’histoire. Certains me diront que c’est du passé et qu’on pourrait se relever, qu’on ne doit pas continuer à accuser l’occident de notre sort. Je dirais oui on pourrait se relever si toutefois les occidentaux qui profitent aujourd’hui de ce passé cessent de se poser comme obstacle. Mais cela n’est pas ce dont je veux parler. Je me suis demandé pourquoi lorsqu’on parle de crime contre l’humanité, de Cour Pénale Internationale (CPI) ou quoi encore ?… les occidentaux ne sont pas pointés du doigt pour la traite négrière. Pourtant des crimes ont été commis : des villages entiers brûlés, des hommes tués, des enfants éloignés de leur famille, des bras valides éloignés de leur continent, des hommes vendus comme des marchandises, des travaux forcés et pénibles, des tortures ou la mort pour ceux qui s’y opposaient… la liste est longue et ce passage témoigne de l’ampleur de la cruauté que subissaient les noirs : « Une douleur violente dans le dos lui arrache un cri : Ndioba sent sa peau se déchirer sous la violence d’une griffe qui l’étreint et la transperce. Au fer rouge, on lui a imprimé sur sa peau noire la forme d’un trèfle, le signe de son propriétaire. » (Ndioba est le personnage principal du livre, une jeune fille qui a été arrachée à l’Afrique) Tout cela pour satisfaire les besoins de développement du continent européen. Pour tous ces crimes, je pense que justice doit être faite. La CPI, si elle est juste et équitable, devrait se saisir de ce dossier pour que réparation soit faite pour le continent noir qui a tant souffert et qui continue à souffrir des atrocités qu’elle a subies pendant ces moments inoubliables. Au même moment que la CPI juge certains pour crime contre l’humanité et/ou génocide ou lance des mandats d’arrêt internationaux contre d’autres, elle doit en faire autant contre des Etats pour les atrocités que les Africains ont subies. L’Afrique doit être dédommagée car, parlant de l’abolition de l’esclavage, s’il fallait « indemniser les planteurs des colonies à qui l’on retirerait leurs propriétés humaines » pourquoi pas le peuple Africain à qui l’on a retiré ses hommes, ses bras valides ?

mercredi 16 décembre 2009

Le « wanted » mort ou vif, Toumba Diakité, s’exprime

L’homme le plus recherché de la Guinée, Aboubacar Toumba Diakité, l’ex aide de camp de Dadis, s’est exprimé ce mercredi 16 décembre sur les ondes de Rfi sur les évènements du 28 septembre et sa suite à Conakry. Toumba a dit pour quoi il a tiré, le 3 décembre, sur le chef de la junte.
Après plusieurs jours de silence, l’homme qui a essayé d’assassiner Moussa Dadis Camara s’est enfin exprimé sur les ondes de la Rfi sur les raisons de son acte. Toumba explique : « Il y’a eu à un certain moment de la trahison, Dadis a voulu me faire porter la responsabilité des massacres du 28 septembre. Il était venu donc pour m’arrêter au camp Koundara et moi j’avais une arme à porté de main donc j’ai tiré ». C’est ce qu’on peut retenir de l’intervention de l’ex aide de camp du capitaine Dadis. Il a en outre accusé le chef de la junte d’avoir orchestré, avec son neveu Marcel Guilavogui, la tuerie du 28 septembre en faisant envoyer au stade plus de 200 nouvelles recrues pour réprimer la manifestation de l’opposition. Toumba dit avoir reçu lui-même, le 28 septembre, des coups en essayant de sauver les leaders politiques. Ce qui laisse entendre que s’il ne s’était pas interposé entre les militaires et les leaders, ces derniers auraient été tous massacrés. La question qu’on se pose c’est où peut donc se cacher Toumba dans une petite ville comme Conakry avec une seule porte d’entrée et de sortie ? Difficile à répondre. Mais cela laisse à penser que l’homme qui a essayé d’assassiner le capitaine « patriote » est bien soutenu. Le chef de la junte a-t-il voulu sacrifier son aide de camp parce qu’il devenait un témoin encombrant ? En tout cas les tournures des choses sont en train de renseigner dans ce sens. Quant à la réponse de Dadis, elle tardera surement à venir parce qu’il n’a pas été vu ni entendu depuis l’évènement du 3 décembre dernier. On n’a aucune nouvelle claire de lui. Tout ce qu’on sait est qu’il est hospitalisé au Maroc et qu’il va « bien » selon déclarations officielles sur son état de santé. Affaire à suivre.

lundi 14 décembre 2009

Copenhague 2 à l'UCAD

Parallèlement au sommet de Copenhague, l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a eu, ce samedi, sa dose de manifestation contre le réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique n'est pas seulement la préoccupation des politiques. Au moment où plusieurs chefs d'Etat sont réunis à Copenhague pour débattre de ce sujet, les étudiants Sénégalais aussi manifestent leur intérêt. Ils étaient une cinquantaine à avoir manifesté, ce samedi12 décembre dans les environs de 12 heures, contre le réchauffement climatique. Ces étudiants ont fait une marche pacifique au sein du campus universitaire en scandant des slogans: "Nous voulons air pur", "justice climatique"... comme pour dire que c'est l'Afrique qui souffre le plus de ce phénomène et que réparation doit être faite. Ils réclament ainsi un environnement sain. C'est en fait, le sommet de Copenhague version UCAD.

mardi 8 décembre 2009

Dadis-Toumba: un divorce extraordinaire

Qui aurait pu parier sur ce divorce avant les évènements douloureux du 28 septembre dernier à Conakry et même quelques temps après ? Personne à mon avis. Les deux hommes étaient trop inséparables, inséparables comme des nouveaux mariés ou plus d’ailleurs. Pourtant le divorce a été consommé et d’une manière qui plonge la Guinée, déjà en crise, dans une autre crise. Toumba a tiré sur Dadis ! Incroyable mais vrais.
Quand je dis que les deux hommes étaient inséparables c’est parce qu’ils l’étaient vraiment. Depuis le putsch du 23 décembre 2008 après la mort du président Conté, rares sont les fois, pour ne pas dire jamais, où l’on a vu Dadis sans voir Aboubacar Toumba Diakité, chef de la garde présidentielle. Ce dernier collait son président au talon. C’est Toumba qui essaie une place en premier quand son président doit s’asseoir, certains disaient même qu’il se portait toujours cobaye pour toutes les actions que le chef de la junte devrait accomplir. Bref, un homme de confiance, le bras droit. Un véritable serviteur voué à la cause de Dadis Camara au point de « sacrifier » plusieurs dizaines de Guinéens pour lui lors de la répression sanglante de la manifestation pacifique de l’opposition le 28 septembre dernier au stade du même nom à Conakry. En effet, l’homme de confiance a été identifié par plusieurs témoins comme le meneur de ces massacres qui ont fait la une de tous les grands médias du monde. Toumba vient de tirer sur son président au camp Koundara au centre ville où il s’est retranché depuis que Dadis a voulu lui faire porter la responsabilité de ces massacres depuis l’arrivée de la commission internationale d’enquête en Guinée. Le chef de la garde présidentielle se serait fâché contre le président parce que ce dernier lui aurait balancé. Conséquence, le chef de la junte reçoit une balle dans la tête tirée par son homme de confiance. Dadis a-t-il, finalement décidé, avant de recevoir la balle, de sacrifier son aide de camp pour sauver sa tête ? Tout porte à le croire. Avant l’arrivée de la commission internationale d’enquête à Conakry, le ministre d’Etat chargé de la sécurité présidentielle, Claude Pivi, a essayer, sur ordre du ministre de la défense, Sékouba Konaté (numéro 2 de la junte), de mettre aux arrêts le lieutenant Toumba Diakité mais Dadis s’y était opposé. Ce qui a d’ailleurs crée un climat de méfiance au sein du CNDD. C’est le même Dadis qui, ayant promis de ne pas faire d’obstacle aux enquêtes, a voulu que son aide de camp passe à l’interrogatoire de la commission. Ce que ce dernier n’a pas digéré et s’est retranché dans un autre camp loin du quartier général du CNDD. Toumba a donc tiré à bout portant sur Dadis quand le chef de la junte s’est présenté au camp Koundara. L’aide de camp reste introuvable avec une dizaine de ses fidèles. Il a même assuré par téléphone, selon Radio France Internationale (Rfi), qu’il est en lieu sûr à Conakry. Quant à Dadis Camara, il est au Maroc, opéré, selon les médecins, pour traumatisme crânien. De la garde présidentielle et du camp Toumba on parle d’une cinquantaine de morts. Un règlement de compte ou un contre coup d’Etat ? Difficile de répondre à la question, à vous de trouver le terme approprié. En tout cas un communiqué du CNDD a récemment soutenu la thèse de coup d’Etat. Une division totale donc au sein de l’armée si non comment Toumba aurait pu s’échapper après avoir commis un tel acte s’il n’y avait pas de complicité ? Pour l’instant, c’est le ministre de la défense, Sékouba Konaté, rentré d’urgence à Conakry, qui assure l’intérim. Cette crise au sommet met de plus en plus la Guinée dans une situation inconfortable surtout pour la population civile au moment où tout le monde avait les yeux sur les négociations de Ouagadougou entre le CNDD et les forces vives (oppositions, syndicats…) de Guinée pour un retour à la normale. Ce n’est donc pas pour demain il me semble. En tout cas il y a une nouvelle situation à gérer, situation qui prédit un lendemain incertain pour la Guinée.
Amara Soumah