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mardi 8 décembre 2009

Dadis-Toumba: un divorce extraordinaire

Qui aurait pu parier sur ce divorce avant les évènements douloureux du 28 septembre dernier à Conakry et même quelques temps après ? Personne à mon avis. Les deux hommes étaient trop inséparables, inséparables comme des nouveaux mariés ou plus d’ailleurs. Pourtant le divorce a été consommé et d’une manière qui plonge la Guinée, déjà en crise, dans une autre crise. Toumba a tiré sur Dadis ! Incroyable mais vrais.
Quand je dis que les deux hommes étaient inséparables c’est parce qu’ils l’étaient vraiment. Depuis le putsch du 23 décembre 2008 après la mort du président Conté, rares sont les fois, pour ne pas dire jamais, où l’on a vu Dadis sans voir Aboubacar Toumba Diakité, chef de la garde présidentielle. Ce dernier collait son président au talon. C’est Toumba qui essaie une place en premier quand son président doit s’asseoir, certains disaient même qu’il se portait toujours cobaye pour toutes les actions que le chef de la junte devrait accomplir. Bref, un homme de confiance, le bras droit. Un véritable serviteur voué à la cause de Dadis Camara au point de « sacrifier » plusieurs dizaines de Guinéens pour lui lors de la répression sanglante de la manifestation pacifique de l’opposition le 28 septembre dernier au stade du même nom à Conakry. En effet, l’homme de confiance a été identifié par plusieurs témoins comme le meneur de ces massacres qui ont fait la une de tous les grands médias du monde. Toumba vient de tirer sur son président au camp Koundara au centre ville où il s’est retranché depuis que Dadis a voulu lui faire porter la responsabilité de ces massacres depuis l’arrivée de la commission internationale d’enquête en Guinée. Le chef de la garde présidentielle se serait fâché contre le président parce que ce dernier lui aurait balancé. Conséquence, le chef de la junte reçoit une balle dans la tête tirée par son homme de confiance. Dadis a-t-il, finalement décidé, avant de recevoir la balle, de sacrifier son aide de camp pour sauver sa tête ? Tout porte à le croire. Avant l’arrivée de la commission internationale d’enquête à Conakry, le ministre d’Etat chargé de la sécurité présidentielle, Claude Pivi, a essayer, sur ordre du ministre de la défense, Sékouba Konaté (numéro 2 de la junte), de mettre aux arrêts le lieutenant Toumba Diakité mais Dadis s’y était opposé. Ce qui a d’ailleurs crée un climat de méfiance au sein du CNDD. C’est le même Dadis qui, ayant promis de ne pas faire d’obstacle aux enquêtes, a voulu que son aide de camp passe à l’interrogatoire de la commission. Ce que ce dernier n’a pas digéré et s’est retranché dans un autre camp loin du quartier général du CNDD. Toumba a donc tiré à bout portant sur Dadis quand le chef de la junte s’est présenté au camp Koundara. L’aide de camp reste introuvable avec une dizaine de ses fidèles. Il a même assuré par téléphone, selon Radio France Internationale (Rfi), qu’il est en lieu sûr à Conakry. Quant à Dadis Camara, il est au Maroc, opéré, selon les médecins, pour traumatisme crânien. De la garde présidentielle et du camp Toumba on parle d’une cinquantaine de morts. Un règlement de compte ou un contre coup d’Etat ? Difficile de répondre à la question, à vous de trouver le terme approprié. En tout cas un communiqué du CNDD a récemment soutenu la thèse de coup d’Etat. Une division totale donc au sein de l’armée si non comment Toumba aurait pu s’échapper après avoir commis un tel acte s’il n’y avait pas de complicité ? Pour l’instant, c’est le ministre de la défense, Sékouba Konaté, rentré d’urgence à Conakry, qui assure l’intérim. Cette crise au sommet met de plus en plus la Guinée dans une situation inconfortable surtout pour la population civile au moment où tout le monde avait les yeux sur les négociations de Ouagadougou entre le CNDD et les forces vives (oppositions, syndicats…) de Guinée pour un retour à la normale. Ce n’est donc pas pour demain il me semble. En tout cas il y a une nouvelle situation à gérer, situation qui prédit un lendemain incertain pour la Guinée.
Amara Soumah

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