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jeudi 8 octobre 2009

Guinée : la junte en fait de trop

L’armée guinéenne n’a pas hésité encore une fois de tirer sur la population, de surcroît pendant une fête nationale. Le 28 septembre 1958 marque en effet le « non » de Sékou Touré à la France. Cette date a été mise à profit par les forces vives de Guinée (opposition, syndicats, société civile…) pour dire non à la possible candidature de Moussa Dadis Camara aux élections de 2010. Une manifestation sévèrement réprimée au stade du 28 septembre par les forces de l’ordre. La fête nationale a donc été célébrée dans le sang à Conakry.
Il avait pourtant affirmé de ne jamais faire intervenir les militaires lors d’une manifestation. Il c’est Moussa Dadis Camara. Plusieurs dizaines de morts, des politiciens battus, des femmes violées, des journalistes tabassés, plusieurs arrestations… tel est malheureusement le bilan de la répression du mouvement de ce 28 septembre 2009 et du lendemain à Conakry. La junte au pouvoir avait déclaré, la veille, la journée du 28 septembre férié, une première en Guinée. Cela pour empêcher l’opposition de manifester contre le pouvoir. L’on se rappelle que le capitaine Dadis s’est rendu, il y a quelques semaines, à Labé, fief de l’opposition, pour, selon lui, défier ses détracteurs. Et lorsque ses détracteurs ont voulu relevé le défi cela a tourné au bain de sang. Un bain de sang pourtant bien orchestré par les militaires. Tout a commencé dans la matinée sur l’esplanade du stade du 28 septembre. C’est à l’issue d’une discussion chaude entre le ministre à la présidence chargé des services spéciaux et de la lutte antidrogue, le commandant Moussa Tiegboro Camara et les opposants (Sidya Touré, Cellou Dalein et autres) que les manifestants ont forcé les portes du stade pour écouter la déclaration que les forces vives devraient faire sur la transition. En effet, le ministre voulait que les manifestant rebroussent chemin et ajournent la manifestation pour le lendemain. Ce qui n’a pas été entendu par ces derniers pour qui férié n’est pas synonyme de ville morte. Les militaires ont ainsi laissé les manifestants se regrouper à l’intérieur du stade pour ouvrir le feu sur eux. Un piège bien monté dans lequel sont tombés les opposants et leurs partisans. Le bilan fait état d’une centaine de morts et plusieurs blessés. Un bilan remis en cause par certains observateurs. C’est le cas d’un volontaire de la Croix rouge guinéenne qui m’a affirmé qu’il n’y avait plus de place pour les victimes à l’hôpital Donka, le plus proche du stade, lorsque son équipe est allée sur les lieux. Il se dit troubler par le nombre de morts qu’il a vu dans les couloirs et les vérandas de l’hôpital. Il ajoute que les volontaires de la Croix rouge ont été empêchés à certains endroits de ramasser les corps des victimes. Une façon, certainement, pour les militaires de cacher certains corps. Les leaders également n’ont pas été épargnés. Le président Dadis, quant à lui, a prouvé son incapacité à gérer une nation en affirmant que l’armée est incontrôlable et qu’il était dans son bureau lors des évènements. Cela pour se tirer d’affaire Oui dans son bureau oubliant que son garde rapproché et un de ses ministres étaient au stade. Qui peut dire donc que l’ordre de massacrer ne venait pas du plus haut niveau ? En tout cas quelque soit le désordre au sein d’une armée, une troupe ne peut pas intervenir sans recevoir d’ordre. Le pouvoir du CNDD est désormais assis sur le sang de plusieurs dizaines de Guinéens, une journée qui rappelle d’ailleurs les tristes événements de janvier 2007 ; un couteau enfoncé donc dans la plaie de tous les Guinéens. La junte au pouvoir a dorénavant « les mains salles », elle qui se disaient pourtant vouloir faire la lumière sur les évènements de janvier 2007. Elle n’a fait qu’apporter ténèbres sur ces évènements. A seulement 9 mois de gestion du pays, la junte vient de commette les pires exactions en seulement une journée de répression, un record. Les nouvelles autorités prouvent ainsi qu’elles feront tout pour se maintenir au pouvoir même au prix du sang de tous les Guinéens. Autre chose qui fait mal, c’est l’attitude de la télévision nationale face à cet évènement ; elle n’a diffusé aucune information sur ce drame et a continué sa série de propagande sur le capitaine Dadis. La chaîne publique a confirmé sa partialité en diffusant dans le journal du soir, le même jour, un mouvement de soutien au chef de la junte et son récent déplacement à l’intérieur du pays. Elle devient donc de plus en plus RTD (radio télévision Dadis) au lieu de RTG (radio télévision guinéenne). Cala parce qu’il n’y a que Dadis et le CNDD qui passent à la télé, la seule du pays.

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